Bourgeois de Tignous

Pour les quarante ans de Tignous, j’avais réalisé un masque d’un de ses personnages de gros bourgeois. Nous avions déguisé notre fils avec un coussin sous sa chemise et lui avions mis le masque sur la tête. Tignous s’était donc retrouvé en ouvrant la porte, devant ce gros nez. Il manquait les petites mouches tournoyant autour du visage.

Mes premiers appels du masque

J’ai fabriqué mon premier masque à 17 ans, durant mon BAFA.

Nous avions appliqué des bandes plâtrées sur notre visage afin de couler celui-ci en plâtre. La fabrication du demi-masque avait été très sommaire, mais je me sers toujours de l’épreuve en plâtre comme base pour mes réalisations. Il n’a pas pris une ride 😉

Plus tard j’ai suivi un atelier proposé par Annie Milan sur la fabrication de masque.  J’y ai appris beaucoup : les croquis, les volumes, les finitions… J’y ai retrouvé une amie, Cathy,  et en mars 95, nous avons participé à la Soirée de la Poésie, organisée par la ville de Nogent-le-Rotrou. Annie nous avait mis-en-scène. Nous avons joué une fable de La Fontaine : « le Loup et le Chien  » .

Que de bons souvenirs !

Le Loup et le Chien de La Fontaine :

Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Ce Loup rencontre un Dogue aussi puissant que beau ;
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille ;
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint qu’il admire :
Il ne tiendra qu’à vous, beau Sire,
D’être aussi gras que moi, lui repartit le Chien.
Quittez les bois, vous ferez bien :
Vos pareils y sont misérables,
Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi ? Rien d’assuré ; point de franche lippée ;
Tout à la pointe de l’épée.
Suivez-moi ; vous aurez bien un meilleur destin.
Le Loup reprit : Que me faudra-t-il faire ?
Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis ; à son Maître complaire ;
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons ;
Os de poulets, os de pigeons :
Sans parler de mainte caresse.
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant il vit le col du Chien pelé.
Qu’est-ce là, lui dit-il ? Rien. Quoi rien ? Peu de chose.
Mais encor ? Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
Attaché ? dit le Loup, vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? Pas toujours ; mais qu’importe ?
Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte ;
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor.
Cela dit, Maître Loup s’enfuit, et court encore.